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Covid-19 : le grand défi économique ne fait que commencer, estime Business Mauritius

Les gouvernements des pays affectés par le Covid-19 ont pris des mesures sanitaires radicales pour endiguer la pandémie et en mitiger l’impact sur la santé des populations. Ces mesures ont porté leurs fruits dans certains pays, comme en Corée du Sud, mais aussi à Maurice, où nous constatons avec soulagement une baisse du nombre de cas ces derniers jours, en espérant que cette tendance se maintienne. À l’heure où la bataille sanitaire est encore loin d’être gagnée et où la santé de la population reste la priorité, Business Mauritius souhaite faire un état de la situation à laquelle notre pays fait et devra faire face.

Depuis son apparition en Chine fin de 2019, le coronavirus a infecté au moins 2,2 millions de personnes dans 193 pays, et tué près de 150 000 personnes selon les sources officielles.  Å travers la planète, le coronavirus a causé le confinement d’au moins 4,5 milliards de personnes, et mis au chômage partiel ou total des dizaines de millions d’entre elles. La mobilisation est mondiale, avec des millions de gens sur le front qui risquent leur vie héroïquement chaque jour pour aider leurs semblables.

Mais au-delà de l’aspect sanitaire de la crise qui reste le nerf de cette guerre, il est également important d’en mesurer la portée économique et sociale pour pouvoir s’unir contre le Covid-19. “Depuis le début de l’ère moderne, jamais le monde n’avait connu une telle crise. Ses conséquences risquent même d’être pire que celles de la Grande Dépression des années 30 faisant suite au krach boursier de 1929. Depuis la mi-février, les marchés boursiers se sont effondrés les uns après les autres. Et il faudra nous attendre à ce que l’impact se fasse ressentir longtemps après que le virus aura été vaincu”, affirme Vidia Mooneegan, président de BM.

La plupart des économistes sont d’accord sur un point : une forme de reprise économique ne débutera que lorsque nous serons enfin débarrassés du Covid-19. “L’aspect sanitaire doit rester notre priorité, nous en sommes convaincus. Mais la récession est clairement déjà là. Le confinement mondial, que le FMI a baptisé ‘le Grand Confinement’, a provoqué un effondrement de l’activité économique mondial qui, par son ampleur et sa soudaineté, ne ressemble à rien de ce que nous avons connu de notre vivant. La crise a une incidence certaine sur la vie et les moyens d’existence des populations. La plupart des entreprises fonctionnent au mieux à un faible pourcentage de leurs capacités et sont au pire à l’arrêt, mis à part dans quelques rares secteurs d’activités. L’inquiétude est grande, et ne cesse de croître. Des millions de personnes sont au chômage partiel, ont perdu leur emploi ou leurs sources de revenus. Des millions d’autres risquent de connaître le même sort durant les prochains mois. Partout dans le monde, les gouvernements s’organisent pour faire face à cette onde de choc”, explique Gilbert Gnany, président du comité « BM Covid-19 Economic Recovery », un des sept comités mis sur place par Business Mauritius, avec l’aide de professionnels de divers secteurs, pour aider la communauté des affaires à faire face à l’impact du Covid-19.

Alors que les incertitudes se maintiennent sur la durée de la pandémie, les inquiétudes quant à ses conséquences potentielles ne cessent de croître, même s’il reste difficile de les estimer pour le moment.

“Toutes les mesures prises par certains des pays les plus touchés par le Covid-19 montrent bien l’ampleur de la crise. Des trillions de dollars ont été déboursés à travers le monde pour soutenir les économies : cela est sans précédent. Évidemment, si tous les êtres humains sont égaux face au virus, tel n’est pas le cas pour les nations. Tous les experts s’accordent à dire que les effets économiques les plus dévastateurs du Grand Confinement seront davantage ressentis dans les pays en voie de développement, dont les moyens financiers sont bien moindres, et plus encore chez ceux où une grande partie de la population évolue dans le secteur informel. Toutefois, même au sein des pays riches et malgré les gros efforts économiques et fiscaux consentis, beaucoup d’observateurs craignent que toutes les mesures prises jusqu’ici partout dans le monde ne soient pas suffisantes pour endiguer la crise”, indique Gilbert Gnany.

S’unir
contre le Covid-19 à Maurice

A Maurice, le gouvernement a déjà pris certaines mesures pour soutenir le secteur des affaires, avec le « Covid-19 Support Measure Series » et le « Wage Support Scheme » pour soulager les entreprises, petites et grandes, les travailleurs du secteur informel et les travailleurs indépendants.

« Ce sont des premières mesures courageuses et encourageantes, et qui montrent une prise de position ferme du gouvernement. Cependant, l’ampleur démesurée de ce virus a déjà des effets désastreux non seulement sur Maurice mais sur nos marchés extérieurs.  Nous estimons qu’il faudra rapidement aller encore plus loin si nous voulons assurer la pérennité de l’économie nationale et de l’emploi. Selon les estimations du comité « BM Covid-19 Economic Recovery », il semble que les entreprises mauriciennes seront dans la zone rouge au moins jusqu’en septembre, avec possiblement un début de répit à partir de décembre – et cela si nous arrivons à continuer à maitriser la crise sanitaire ”, s’inquiète Vidia Mooneegan.

Par conséquent, les premières séries de mesures prises par l’État devront, de l’avis de Business Mauritius, absolument être suivies par d’autres, visant cette fois-ci le court mais aussi le moyen terme. Pour l’association, il ne fait aucun doute que des mesures décisives doivent être prises très rapidement pour assurer une reprise dans les meilleures conditions – le moment venu – des activités, prévenir les mises à pied et protéger les travailleurs vulnérables. Les décisions prises aujourd’hui détermineront la santé de la population et de notre économie pour les années à venir.

L’équipe de Business Mauritius est d’avis qu’il faudrait, entre autres, revoir certaines politiques en matière de relations industrielles.  Par exemple, en France, les employeurs ont la possibilité de recourir au chômage technique pour faire face à cette situation de crise qui les oblige à réduire leur activité. Un tel système permettrait de compenser la perte de revenu dû à la réduction du temps de travail des salariés en leur donnant en même temps des possibilités de formation et en les encourageant à rechercher des possibilités de redéploiement dans les secteurs où la main-d’œuvre est requise. Les entreprises qui le souhaiteraient pourraient par exemple continuer les cotisations à l’assurance médicale ou à d’autres charges sociales.  Cela permettra d’alléger la souffrance des personnes impactés, alors que les entreprises, grandes et petites, stabiliseraient leur capacité de production afin d’être en mesure de rebondir le plus rapidement et le plus agilement possible.  

D’autres mesures complémentaires, telles que des prêts bancaires bénéficiant d’une garantie importante de l’état, seraient aussi essentielles pour sauvegarder les capacités de production du pays.  

L’équipe de Business Mauritius craint que, sans cela, de nombreuses entreprises locales n’auront d’autres recours que de prendre des mesures drastiques.  Et d’ajouter que le temps presse. Beaucoup d’entreprises, de toutes tailles, savent aujourd’hui qu’il leur sera extrêmement difficile de reprendre leurs opérations. Il ne faut pas oublier non plus que plusieurs secteurs importants de notre économie, tels que le textile ou le tourisme, faisaient déjà face à de lourdes difficultés avant même la pandémie.

Il faut aussi éviter à tout prix l’effet domino sur les plus petites entreprises et les freelances qui sont aujourd’hui nombreux et dépendent, pour beaucoup, des moyennes et grandes entreprises. Au final, ce sont des milliers de personnes qui pourraient se retrouver sans emploi, les premiers étant souvent ceux dont l’emploi était déjà précaire.

Business Mauritius, en consultation avec tous les représentants des différents secteurs de notre économie, a ainsi soumis des propositions complémentaires à l’État. “Avec l’aide des professionnels des différents secteurs, nous avons fait de nombreuses recommandations sur plusieurs dimensions, qu’elles soient sanitaires, sociales ou économiques. Ces recommandations visent tous les secteurs de notre économie mais portent une attention particulière aux secteurs les plus impactés.  Nous avons aussi accordé une grande attention au segment des PMEs, lesquelles sont aux prises à de graves problèmes de liquidité et de flux de trésorerie entre autres”, précise Kevin Ramkaloan, le CEO De Business Mauritius.

« Dans le passé, à chaque fois que la communauté des affaires et le gouvernement ont œuvré ensemble sur des sujets d’intérêts nationaux, nous avons réussi à relever de nombreux défis socio-économiques », ajoute Vidia Moonegan. « Nous vivons actuellement le plus grand défi jamais affronté par notre pays.  Pour faire face à cela, il faut absolument que nous nous unissions en accentuant la collaboration entre les parties concernées, et en privilégiant le dialogue, même sur des sujets difficiles.  Nous nous devons d’apporter la meilleure réponse possible à cette pandémie, et nous pourrons le faire en concertant nos efforts”, conclut Vidia Moonegan.

Pour
mémoire – Dans le monde : les mesures pour faire face au Covid-19

Le vendredi 17 avril, la Banque mondiale a prévenu que la crise économique causée par la pandémie risque d’effacer les progrès en matière de développement enregistrés ces dernières années dans les pays pauvres, évoquant “une crise sans précédent, dont les effets sanitaires, économiques et sociaux sont dévastateurs dans le monde entier“.

Pour faire face à la catastrophe, les gouvernements du monde entier ont pris des mesures sans précédent pour lutter contre la propagation du virus afin, d’abord, de sauver des vies et, en même temps, de protéger leurs sociétés et leurs économies. Jusqu’à présent, les mesures fiscales se sont élevées à environ 8 000 milliards de dollars et les banques centrales ont procédé à des injections massives (dans certains cas, illimitées) de liquidités. Certaines ont lancé des plans d’aides d’urgence, pour endiguer la propagation virus, soutenir les hôpitaux débordés, permettre aux entreprises touchées de maintenir la tête hors de l’eau, assurer un pécule à ceux qui n’ont plus de revenus, ou financer la recherche d’un vaccin. Le FMI a accordé une facilité de prêt d’un trillion de dollars au « Great Lockdown », 4 fois plus qu’au début de la crise financière mondiale, dont 10 milliards sous forme de prêts à taux zéro.

De leur côté, les États-Unis, qui compte aujourd’hui 22 millions de chômeurs en plus à cause du coronavirus ont consacré d’urgence 2,3 trillions de dollars américains (environ 11% du PIB) pour lutter contre la pandémie, dont 510 milliards de dollars américains pour empêcher la faillite des entreprises en fournissant des prêts, des garanties et 359 milliards de dollars américains pour aider les petites entreprises qui conservent leurs employés.

En France, Emmanuel Macron a déclaré que l’État protégerait les salariés et les entreprises “quoi qu’il en coûte”. Dès le début du confinement, le gouvernement français lançait un plan d’aide de 49 milliards d’euros pour maintenir les emplois et soutenir le monde des affaires. Malgré cela, plusieurs grands groupes français tels que PSA, Renault ou Michelin ont annoncé la fermeture de leurs usines nationales.

Depuis, la France a annoncé une augmentation de l’enveloppe budgétaire consacrée à la résolution de la crise à 110 milliards d’euros (près de 5% du PIB, mesures de liquidité comprises). Cela s’ajoute à un ensemble existant de garanties de prêts bancaires et de régimes de réassurance-crédit de 315 milliards d’euros (près de 14% du PIB), et inclus un programme d’achat d’actifs jusqu’à fin 2020 de 870 milliards d’euros, comprenant des titres des secteurs privé et public.

Le Royaume-Uni a lancé le Coronavirus Business Interruption Loan Scheme pour soutenir les PME et a annoncé le Coronavirus Large Business Interruption Loans Scheme pour soutenir les plus grandes entreprises, mettant 330 milliards de livres sterling de prêts et de garanties à la disposition des entreprises (15% du PIB) ; il paiera 80% des gains des employés en congé (jusqu’à un maximum de 2 500 £ par employé et par mois) pour une période initiale de 3 mois. “Je n’impose aucune limite au montant de financement disponible pour le programme“, a annoncé le chancelier britannique de l’Échiquier, Rishi Sunak.

D’autres mesures de taille ont été prises chez les britanniques : un soutien important aux entreprises -27 milliards de livres sterling, notamment en exonérations d’impôts fonciers, en subventions directes aux petites entreprises et aux entreprises des secteurs les plus touchés et en compensation pour les congés de maladie.

De plus le paiement de la TVA pour le deuxième trimestre 2020 est reporté jusqu’à la fin de l’exercice et le paiement de l’impôt sur le revenu des travailleurs indépendants est, pour sa part, reporté de six mois. Cela représente une injection directe de plus de 30 milliards de livres de liquidités aux entreprises, ce qui équivaut à 1,5% du PIB.

En outre, la Banque Centrale Européenne (BCE) a décidé d’apporter un soutien à la politique monétaire par le biais, entre autres, d’achats d’actifs supplémentaires de 120 milliards d’euros jusqu’à fin 2020 dans le cadre du programme existant (APP). Les mesures supplémentaires comprennent un programme supplémentaire d’achat d’actifs de 750 milliards d’euros de titres des secteurs privé et public (programme d’achat d’urgence en cas de pandémie, PEPP) jusqu’à fin 2020.




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