Le gouvernement de Narendra Modi, Premier ministre d’Inde, vient d’adopter la loi sur la citoyenneté. Une réforme foncièrement anti-musulmans à l’origine de manifestations qui occasionnent de nombreux heurts.
Au lendemain de heurts dans une université de New Delhi, le mouvement de contestation d’une nouvelle loi sur la citoyenneté a gagné de l’ampleur et s’est propagé le lendemain dans toute l’Inde. La loi est, entre autres, dénoncée comme étant anti-musulmans.
Cette loi marginalise-t-elle les musulmans ?
Votée la semaine dernière, une législation vise à faciliter l’attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés d’Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan, à condition que ces derniers ne soient pas musulmans. Nombreux sont ceux qui considèrent que ce texte s’inscrit dans la volonté du pouvoir nationaliste hindou de marginaliser la minorité musulmane dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants.
Aussitôt que cette loi a été votée, la colère s’est fait sentir dans les deux chambres du Parlement. Un député allant jusqu’à la comparer aux lois anti-juives promulguées par le régime nazi en Allemagne dans les années 1930. Des organisations de défense des droits de l’Homme et un parti politique musulman ont déposé un recours contre la loi devant la Cour suprême, en arguant qu’elle est contraire à la Constitution et aux traditions séculaires indiennes. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme a quant à lui qualifié le texte de “fondamentalement discriminatoire“.
Deux semaines après, rien ne va plus au pays de Gandhi où les tensions continuent de monter. Des manifestations ont eu lieu dans différentes régions du pays en opposition à cette loi sur la citoyenneté passée par le gouvernement nationaliste hindou. Ce mouvement de contestation, principalement mené par des membres de la communauté musulmane, qui constitue 14 % du 1,3 milliard d’Indiens, dure depuis la semaine dernière. Il est l’un des plus importants auxquels a dû faire face le Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Narendra Modi depuis son arrivée au pouvoir en 2014.
Après plusieurs journées de protestations violentes, voire mortelles, contre la loi sur la citoyenneté, le Premier ministre indien Narendra Modi a assuré, dimanche dernier, le 23 décembre que le texte ne visait pas les citoyens musulmans.
Votée le 11 décembre par le Parlement indien, elle facilite l’obtention de la citoyenneté indienne pour les réfugiés d’Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan, à l’exception des musulmans. Narendra Modi a accusé le parti du Congrès, principal parti d’opposition indien, d’indulgence vis-à-vis des violences et de “répandre des rumeurs selon lesquelles tous les musulmans seront envoyés dans des camps de détention“.
Alors que les manifestations contre la loi de citoyenneté votée par le Parlement indien se multiplient depuis deux semaines, neuf ministres et chef d’États de l’Inde sont venus joindre leur voix à la contestation. Parmi eux, Mamata Banerjee, la cheffe du Bengale-Occidental fait figure d’opposant numéro un. Au cœur de ce bras de fer se jouent les élections locales de 2021 alors que le Bengale-Occidental est un État convoité par le BJP. « Mamata Banerjee compte sur le soutien électoral des musulmans. Elle se maintient au pouvoir après avoir chassé les communistes du Bengale-Occidental (en 2011, après 34 ans au pouvoir, NDLR) », explique Gilles Boquérat. Pour le parti de Narendra Modi, l’ascension de cette opposante peut se révéler dangereuse dans un pays habitué aux revers électoraux aussi soudains qu’imprévisibles. Le BJP a déjà essuyé cinq revers électoraux depuis un an.