Alors que l’indétrônable Vladimir Poutine est le favori de l'élection présidentielle de mars 2018, plusieurs rivaux déclarés ont tout de même décidé de porter leur candidature face à lui dont Aina Gamzatova, la première femme musulmane à se lancer dans la course au Kremlin. Qui est-elle ?
Les élections présidentielles russes, appelées à être organisées en mars 2018, sont, selon toute vraisemblance, jouées d’avance. Alors que l’indétrônable Vladimir Poutine est le favori à la course électorale au Kremlin, plusieurs rivaux déclarés ont tout de même décidé de porter leur candidature face à lui.
Dans le lot, figure Aina Patimat Gamzatova, 45 ans, qui est une figure familière des musulmans de Russie. Originaire de la république russe du Daghestan, elle a confirmé sa candidature à la présidentielle fin décembre, avec l’espoir de challenger l’actuel président russe, du moins dans sa région natale et dans le Caucase. Et son CV est aussi long que lourd : journaliste de profession, elle est la rédactrice en chef de l'important portail d'information russe dédié aux questions musulmanes Islam.ru. Aina Gamzatova, qui parraine en parallèle plusieurs œuvres de charité, est aussi l'épouse du mufti du Daghestan, Ahmad Abdulayev, dont elle est également la conseillère.
La lutte contre l’extrémisme religieux, le wahhabisme en particulier, figure parmi les thèmes phares du programme d'Aina Gamzatova. Son premier mari, Said Muhammad Abubakarov, a en effet été tué dans un attentat à la voiture piégée en 1998, sans que justice n’ait pu être faite pour lui faute de n’avoir pu retrouver les auteurs de l’attaque. Ayna Gamzatova est également membre de l’importante confrérie soufie des Naqshbandis dont le leader charismatique, Said Afandi al-Chirkawi, a été tué lors d’un attentat-suicide commis par une femme en 2012.
Aucune femme ni aucun musulman n’a accédé à la présidence de la Russie. Aina Gamzatova sera-t-elle la nouvelle Halimah Yacob, première femme musulmane à avoir été élue à la tête de Singapour en septembre 2017 ?
Une question à la réponse toute trouvée. Après 18 ans au pouvoir, personne ne semble faire de l’ombre à Vladimir Poutine, candidat pour un 4e mandat et, à nouveau, sans véritable rival à la présidentielle, après que la commission centrale des élections ait écarté son principal opposant, Alexeï Navalny, en raison d’une condamnation à une peine de prison avec sursis en février 2016.
En réponse, ce dernier a appelé au boycott des élections, estimant que son éviction aux élections est d'ordre politique. « La procédure à laquelle nous sommes invités à prendre part n’est pas une élection. Seul Poutine et les candidats qu’il a personnellement choisis, ceux qui ne représentent pas la moindre menace, y prennent part », a expliqué Alexeï Navalny dans une vidéo diffusée sur son site internet.
Malgré une forte abstention en vue, la probabilité donc de constater une victoire de Vladimir Poutine est élevée. La candidature d’Aina Gamzatova est surtout une occasion pour elle et ses soutiens de plaider en faveur d’une plus grande visibilité et d'une meilleure intégration de la présence musulmane en Russie, estimée à 20 millions de personnes.