Theresa May a signé la lettre officielle qui sera remise ce mercredi à Bruxelles, officialisant la procédure de divorce avec l'UE et donnant le coup d'envoi de deux ans de bras de fer.
C'est parti! Ce mercredi, à la mi-journée, l'ambassadeur britannique à Bruxelles, Tim Barrow, doit remettre au président du Conseil européen, Donald Tusk, la lettre signifiant l'intention de son pays de quitter l'Union, via le processus prévu par l'article 50 des traités européens. Au même moment, à Londres, la première ministre, Theresa May, annoncera aux députés que la procédure est lancée. Pour les plus fervents zélateurs du Brexit, il était grand temps, après ces neuf mois de «drôle de guerre» qui ont suivi le référendum lors duquel 51,9 % des Britanniques ont voté pour quitter l'Union.
D'autres regardent ce processus s'enclencher à regret, à l'instar de l'éditorialiste du GuardianPolly Toynbee, qui voit dans la missive délivrée ce jour «notre lettre de suicide». Le peuple britannique, dans l'ensemble, n'a pas de remords: il estime à 46 % que c'était une «bonne décision», contre 41 % à penser le contraire, selon un sondage GfK de début mars. Dans le délai imparti de deux ans avant la sortie effective du Royaume-Uni, la première ministre Theresa May se retrouve face à une tâche titanesque, comme rarement gouvernement n'a eu à en mettre en œuvre.
● Négociations avec Bruxelles
La balle est désormais dans les mains de Bruxelles, qui doit répondre à la requête de Londres pour fixer le tempo et les modalités des négociations. Donald Tusk doit répondre d'ici à vendredi. Les grands principes seront ensuite adoptés lors d'un conseil extraordinaire des Vingt-Sept, le 29 avril. «Facture» du Brexit, relocalisation d'agences européennes, droits aériens, coopération judiciaire, sort des fonctionnaires de nationalité britannique, programmes de recherche, futures relations commerciales… les sujets à régler sont innombrables, complexes et potentiellement explosifs. Cela revient à vouloir extraire un œuf d'une omelette, décrit-on à Bruxelles. Theresa May sera écartelée entre les nécessaires compromis à accorder à ses ex-partenaires et la pression des europhobes du Parti conservateur et de la presse chez elle. Avec un risque de clash élevé.
Londres et Bruxelles disent souhaiter régler en priorité le sort des 3 millions d'Européens installés au Royaume-Uni et du million de Britanniques vivant sur le Continent. Une question pleine de complexités juridiques liées aux régimes de retraite, de santé, au droit de la famille (divorce, garde des enfants…), etc. Malgré la bonne volonté affichée, un accord ne pourra pas être trouvé si rapidement. Les personnes concernées vont donc devoir patienter sans doute plusieurs mois avant d'être rassurés. Elles craignent d'être utilisées comme «monnaie d'échange». Parallèlement, le Royaume-Uni va adopter une nouvelle politique d'immigration lui permettant de limiter les arrivées de ressortissants de l'UE. Cet objectif fut l'un des facteurs déterminants dans le vote en faveur du Brexit.