Dès l’annonce, dimanche, du décès de Mgr Desmond Tutu, icône de la lutte anti-apartheid et Nobel de la paix, les réactions se sont multipliées à travers le monde. Personnalités politiques et chefs spirituels saluent “une source d’inspiration”. Le combat de Desmond Tutu “restera dans nos mémoires”, a salué Emmanuel Macron. Les réactions se sont multipliées après l’annonce, dimanche 26 décembre, du décès de l’archevêque sud-africain, icône de la lutte contre l’apartheid, à l’âge de 90 ans.
“The Arch”, comme le surnomment affectueusement les Sud-Africains, était affaibli depuis plusieurs mois. Souffrant depuis longtemps d’un cancer de la prostate, il est sans doute mort de vieillesse, paisiblement à 7 heures, dimanche, selon plusieurs de ses proches.
Depuis 2010, à l’âge de 79 ans, il avait décidé de lever le pied et d’arrêter les apparitions publiques qui le fatiguaient. Il voulait se concentrer sur la vieillesse et “servir, tous les matins au lit, une tasse de chocolat à sa femme”, Leah Shenxane, qu’il avait épousée en 1955.
Il ne parlait plus en public mais saluait les caméras présentes à chacun de ses déplacements, sourire et regard malicieux, comme lors de sa vaccination contre le Covid-19 ou en octobre ou à la cérémonie célébrant ses 90 ans. Jusque récemment, Desmond Tutu a imposé sa petite silhouette violette et son franc-parler légendaire pour dénoncer les injustices et écorner tous les pouvoirs.
Il avait passé tellement d’années à combattre les injustices raciales sous l’apartheid mais aussi ces derniers temps, sous la présidence de Jacob Zuma, dont il a dénoncé avec véhémence les travers, qu’il était difficile d’imaginer cet homme se taire dans une retraite bien méritée. Desmond Tutu s’était fait connaître aux pires heures du régime politique ségrégationniste qui a duré pendant près d’un demi-siècle, jusqu’en 1991.
Né le 7 octobre 1931 dans la ville minière de Klerksdorp, à l’ouest de Johannesburg, d’une mère domestique et d’un père directeur d’école primaire, Desmond Tutu devient d’abord instituteur comme son père avant de démissionner en 1957 de son poste de professeur au Johannesburg Bantu High School, pour s’insurger contre les nouvelles mesures sur l’enseignement donné aux Noirs.
Il se lance alors dans des études de théologie au sein de l’Église anglicane. Il est ordonné prêtre à l’âge de 30 ans en 1971, puis doyen du diocèse de Johannesburg quatre ans plus tard – il est le premier noir à occuper ce poste, comme il sera plus tard le premier archevêque noir du Cap.
Alors prêtre, il organise des marches pacifiques contre la ségrégation et plaide pour des sanctions internationales contre le régime blanc de Pretoria. Sa robe lui épargne la prison. Bénéficiant de son statut de clerc, Desmond Tutu évite l’incarcération, comparativement à des figures du combat anti-apartheid comme Nelson Mandela ou Steve Biko, et ne passe que très brièvement par la case prison. Son combat non-violent est couronné du prix Nobel de la paix en 1984.