Victorieuse du Danemark (2-1, ap), l’Angleterre est en finale de l’Euro pour la première fois de son histoire. Cinquante-cinq ans que les Anglais attendaient de revenir sur le devant de la scène. Cinquante-cinq ans à traîner leur peine, ruminer leurs échecs et tenter d’exorciser leurs démons. Et puis, l’été 2021 a tout changé.
Au coup de sifflet final, il a serré le poing. Furtivement. Et puis s’est laissé aller à un rictus. Un tout petit, mais un rictus tout de même. Lui, le “party-pooper”, le “rabat-joie”, celui qui sait combien ça fait mal de s’arrêter en chemin et si près du but, n’avait pas envie d’être à nouveau le personnage central d’un autre chapitre du grand livre d’histoire anglais des “What if”. Non, Gareth Southgate, version sélectionneur, est parvenu à faire ce que personne n’avait réussi depuis cinquante-cinq ans et Sir Alf Ramsey : propulser l’Angleterre en finale d’une grande compétition internationale.
Ce fut compliqué. Éprouvant. Tiré par les cheveux, même. Demandez donc aux Danois ce qu’ils pensent de la 104e minute. Mais il ne pouvait en être autrement. Car rien n’a été simple pour l’Angleterre depuis plus d’un demi-siècle et son unique conquête planétaire.
L’odyssée de l’Angleterre, c’est le périple d’une nation qui, fière de ce qu’elle s’imaginait être et non consciente de ce qu’elle était devenue, a un temps cru que sa splendeur serait éternelle. Après avoir snobé le reste de la planète, se jugeant trop belle pour prendre part à la Coupe du monde avant la seconde Guerre mondiale, la Perfide Albion a sorti les rames pour ramener la Coupe Jules-Rimet sur son île. Ce 30 juillet 1966, elle n’imaginait pas qu’une partie de ses champions d’alors ne seraient plus de ce monde le jour où elle retrouverait l’ivresse des sommets, en ce début d’été 2021.