Un article publié sur le site web de la BBC raconte la souffrance morale et émotionnelle du personnel hospitalier à un moment où la crise sanitaire est plus ou moins sous contrôle dans le pays. Quelques infirmiers de la région de Lombardy, la région la plus touchée du monde par le Covid-19 font part de leurs sentiments et affirment que l’expérience traumatisante qu’ils ont vécue au chevet des patients touchés par le Covid 19 les hantent toujours et c’est une chose qu’ils n’oublieront jamais.
Paolo Miranda est un infirmier qui travaille aux soins intensifs à Cremona et il affirme qu’il a du mal à contrôler sa colère et qu’il se dispute plus souvent “I get angry easily and I pick fights.” Il ajoute que même s’il y a moins à faire aux urgences maintenant, lui et ses collègues voient tout en noir et ils ressentent une grande souffrance.
Entre cauchemars et bouffées de chaleur
Une autre infirmière admet qu’après la crise, les choses sont encore plus difficiles. Elle explique que pendant que le Covid-19 anéantissait le pays, tout le personnel hospitalier ont mobilisé leurs forces pour combattre la pandémie. Ils n’avaient pas de temps pour réfléchir. Mais à présent, elle se sent perdue et tout le stress accumulé pendant des semaines remonte à la surface: Elle a du mal à s’endormir et fait des cauchemars: “I have insomnia and nightmares. “I wake up 10 times each night with my heart racing and out of breath.”
Elisa Pizzera concède qu’elle se sentait forte pendant la crise sanitaire mais elle est à présent épuisée. Elle n’a pas de courage pour préparer le repas, s’occuper de la maison et elle passe le plus clair de son temps à ne rien faire.
Quant à Martina Benedetti, elle évite de rencontrer ses proches et amis de peur qu’elle ne les contamine. Elle s’éloigne même de son époux: “I even social distance from my husband,”.We sleep in separate rooms”. fait-elle ressortir. A chaque fois qu’elle sort de chez elle pour faire une marche, elle s’empresse de rentrer à la maison. Elle se demande aussi si elle veut continuer à exercer comme infirmière car pendant ses six ans de carrière, elle n’a jamais vu des gens mourir en si grand nombre: “I’m not sure I want to be a nurse anymore.,. “I’ve seen more people die in the past two months than in the whole six years.”
Une étude effectuée auprès du personnel hospitalier Italien a relevé que 70% de l’effectif qui a aide à combattre le Covid-19 souffre de burnout. “Quand vous êtes en première ligne pendant une crise, votre corps produit des hormones qui vous aident à vous battre, mais quand les choses reviennent à la normale, vous vous sentez émotionnellement dépassés’. affirme, Serena Barello l’auteur de cette étude.
Serena Barello se fait du souci à l’effet que beaucoup de médecins et infirmiers souffriront probablement des symptômes de post-traumatic stress disorder (PTSD) bien après la pandémie. Ces symptômes pourront perdurer pendant des mois, voire des années après et ils auront un effet sur le pouvoir de concentration et les aptitudes de ces médecins et infirmiers.
Des héros oubliés
A travers le monde, des médecins et des infirmiers sont acclamés comme des héros pour avoir mis leur vie en péril pour sauver les autres. Mais en Italie, ce marque d’amour est en train de disparaître. ” Quand les patients souffrent et que leur vie est menacée, nous devenons tout de suite des héros mais après, ils nous oublient Ils nous voient alors comme des gens qui font un boulot ingrat” ajoute Monica..
A Turin, les infirmières se sont récemment enchainées l’une à l’autre et elles se sont affublées de sacs de poubelle pour démontrer comment elles se sont débrouillées à cause d’un manque de PPE (Personal Protective Equipment). Elles ont protesté pour réclamer à ce que leur travail soit reconnu. On leur avait promis une augmentation de salaire pour leur travail mais elle n’ont rien reçu.
En Italie, environ 163 médecins et 40 infirmières sont décédés suite à des complications liées au Covid-19. Depuis que le pays a été deconfiné, Monica voit des gens qui circulent sans porter de masques et sans observer aucun geste de barrière.”Je veux les approcher pour leur dire qu’ils mettent en danger la vie des autres en agissant ainsi” déclare Monica.
Cependant, tout le personnel hospitalier s’accorde à dire que le soutien du public a compté beaucoup pour eux et cela les a motivés à faire face à la crise.”Je ne suis pas un héros mais je me suis senti important grâce à ce soutien” dit Pablo.