“La santé doit rester notre priorité dans le contexte actuel, nous ne voulons pas de seconde vague de Covid-19. Toutefois, le déconfinement reste essentiel, étant donné que l’impact économique et le risque pour l’emploi est déjà considérable”, a fait valoir Vidia Mooneegan, président de Business Mauritius (BM), ce jeudi. Il s’exprimait lors d’une conférence de presse en ligne organisée aujourd’hui, lors de laquelle plusieurs représentants de Business Mauritius se sont adressés aux journalistes des principaux médias du pays.
Étaient à l’agenda du jour des sujets tels que le déconfinement, le COVID-19 Act, un état des lieux de la reprise, les consultations pré-budgétaires, et enfin la récente figuration de Maurice sur la liste noire des centres financiers de l’Union Européenne. Hormis Vidia Mooneegan, plusieurs autres orateurs se sont relayés pour partager le point de vue de BM sur ces divers sujets : Kevin Ramkaloan, CEO de BM, Pradeep Dursun, COO de BM, et Madhavi Ramdin, présidente du BM Covid Human Resources Committee.
S’exprimant sur les réactions suite au vote du COVID-19 Act par le gouvernement, le président de BM a souligné qu’il est “important que ces mesures soient prises dans le contexte exceptionnel de cette pandémie. Nous voyons déjà que celle-ci a eu des conséquences massives sur l’emploi dans de nombreux pays, comme par exemple aux Etats-Unis ou en France, qui comptent respectivement 20 millions et 10 millions de pertes d’emplois rien que pour le mois d’avril. Des mesures fortes sont par conséquent indispensables pour sauvegarder au maximum les emplois et les entreprises”. Toutefois, a-t-il continué, un “certain nombre d’entreprises et leurs employés sont malheureusement déjà dans de grandes difficultés économiques à cause de la Covid-19. Nous avons le devoir de travailler ensemble pour trouver des solutions afin d’aider le maximum d’entreprises à éviter la fermeture, et par ricochet, éviter des pertes d’emploi massives”.
De son côté, Pradeep Dursun est revenu sur plusieurs dispositions légales présentées dans le COVID-19 Act. Les amendements apportés aux lois du travail sont ainsi, a-t-il remarqué, “nécessaires pour protéger l’emploi et la pérennité des entreprises”, tout en rappelant que ces changements “sont temporaires”. Le COO de BM a ensuite retracé les grands axes des nouvelles dispositions du texte de loi, indiquant qu’une note explicative à cet effet a été préparée pour les membres de Business Mauritius. Il a entre autres parlé du Work from Home, expliquant qu’il est nécessaire d’établir un cadre pour le travail à distance. S’exprimant sur les nouvelles dispositions pour les licenciements économiques, Pradeep Dursun a souligné que, dans le texte de loi, il est expliqué que toute entreprise faisant face à des difficultés et souhaitant réduire ses effectifs doit au préalable obtenir l’accord du ministère du Travail, selon un procédé établi pour protéger l’emploi au maximum.
Prenant la parole à son tour, Madhavi Ramdin a déclaré qu’à ce stade environ “40% de la communauté des affaires a repris le travail dans le calme, de même que beaucoup de travailleurs indépendants”. Elle a ensuite rappelé qu’avant le lancement du déconfinement partiel, BM avait publié un code des Best Practices à mettre en place avant la réouverture des bureaux, un document réalisé avec la collaboration et l’apport des membres de l’association. “Nous recommandons chaudement à tous nos membres de mettre en place les mesures adéquates pour assurer la sécurité de leurs employés”, a rappelé Pradeep Dursun. Des consultations avec les autorités sont actuellement en cours en vue de prochaines régulations en ce sens.
En ce qui concerne les consultations pré-budgétaires, Vidia Mooneegan a fait valoir que BM espère que, face à cette crise d’une envergure sans précédent, “le gouvernement prenne des mesures exceptionnelles, même si elles sont difficiles”. Sur une note plus positive, il a également déclaré que la Covid-19 et ses conséquences pourraient servir de “catalyseur” au pays et permettraient d’initier “une transformation de notre modèle économique en positionnant notre pays comme une nation ’safe’, transparente, durable, inclusive et ouverte ».
S’exprimant plus en détail à ce sujet, Kevin Ramkaloan a souligné la nécessité que le budget comprenne des mesures fortes visant à soutenir, en priorité, les secteurs et entreprises en difficulté. “Le soutien déjà apporté par l’État est bienvenu, mais il faudrait aller plus loin, notamment au niveau des garanties de prêt et du support financier, sans oublier une aide plus ciblée aux secteurs et entreprises qui sont le plus en difficulté”, a-t-il indiqué.
La crise actuelle devrait aussi permettre de favoriser l’émergence de nouvelles opportunités économiques, selon Kevin Ramkaloan, avec de nouveaux pôles de développement tels que le secteur ICT/BPO qui devrait profiter de la globalisation du Work from Home, le Fintech à travers une fluidification des financements internationaux, ou encore le secteur de la santé qui devrait bénéficier d’un nouvel élan au niveau de la manufacture d’équipements liés à la santé, des services et de la création de centres spécialisés.
En ce qui concerne l’importation, le CEO de BM est d’avis qu’il est urgent de promouvoir la production locale, principalement dans le secteur agricole, tout en indiquant que “la construction peut amener de la croissance, mais a besoin d’un boost”. Il faudrait également, a-t-il proposé, favoriser les entrepreneurs qui ont une vision à long terme en facilitant la délivrance des permis et fluidifiant les démarches administratives, tout en mettant en place des cadres incitatifs pour les encourager à investir.
Kevin Ramkaloan est aussi revenu sur le fait que Maurice ait été récemment prévenue qu’elle serait placée sur la liste noire des centres financiers par l’Union Européenne. “La prochaine étape est une validation de la liste par le Conseil de l’UE. Nous devrons faire tout notre possible pour que cette classification soit révisée. En cas d’approbation, cela pourrait avoir des effets extrêmement néfastes sur notre économie, déjà fortement affectée par la Covid-19. Nos partenaires financiers internationaux nous ont déjà transmis leurs inquiétudes à ce sujet, et une validation de cette liste impacterait non seulement le secteur financier, mais également d’autres secteur économiques”, a-t-il prévenu.
Revenant sur le sujet du déconfinement, Vidia Mooneegan a appelé les autorités, la communauté des affaires, les représentants syndicaux et tous les citoyens du pays à une collaboration sans frontières. “La relance devra obligatoirement être inclusive et résiliente ; notre avenir à tous en dépend”, a-t-il conclu.