Le président du Forum, Tun Musa Hitam, a mis en exergue le rôle que le royaume peut jouer pour promouvoir la finance islamique en Afrique. En préparation du 13e forum de novembre prochain, une visite de travail au Maroc a mis en relief les thématiques phares du prochain meeting.
Le Forum économique islamique mondial (WIEF) est un peu le Davos des pays islamiques mais à une échelle qui donne la part belle aux PME au lieu des gros comptes et des multinationales. Loin de toutes considérations ou agenda politique, le WIEF est une large plateforme d'échange qui met en liaison des entreprises de pays islamiques et autres, suivant le principe que le business n'a pas de frontière. C'est dans cet esprit-là qu'intervenait mardi à Rabat, le Malaisien Tun Musa Hitam, président de la Fondation du WIEF à l'occasion d'une visite de travail au Maroc du 31 juillet au 4 août. Sans langue de bois, face à la déferlante du populisme même dans les pays en développement et une tendance au protectionnisme, Musa Hitam prône l'ouverture sur les potentialités et surtout une économie à visage humain. Justement, depuis sa création il y a 14 ans en Malaisie, le WIEF a su convaincre de la pertinence de son approche.
En effet, le premier forum économique islamique tenu en 2005 à Kuala Lumpur en Malaisie a rassemblé 400 participants, le dernier organisé en août 2016 à Jakarta (Indonésie) a vu affluer 4.080 participants et plusieurs chefs d'États dont l'ex-chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Le 13e forum aura lieu du 21 au 23 novembre à Sarawak en Malaisie et connaîtra sûrement le même engouement sinon plus car la thématique qu'il a érigé porte sur l'impact et les défis des changements abrupts et inattendus qui peuvent affecter ou carrément réorienter les politiques économiques. S'inspirant de la crise mondiale imprévisible de 2008 qui a pris de court l'économie mondiale et imposé un nouvel ordre économique, le prochain forum tentera de jeter la lumière sur les mécanismes de prévention et d'adaptation. Cinq thématiques ont été retenues pour le 13e forum, en l'occurrence, la femme, la jeunesse, l'éducation, le commerce ainsi que la promotion des PME, a fait savoir M. Hitam, ajoutant que, comme chaque année, ledit forum invite des présidents et des chefs de gouvernements afin de discuter des problèmes auxquels leurs gouvernements font face. Bien entendu, Saâdeddine El Othmani, chef du gouvernement marocain y a été officiellement invité.
Ce rassemblement mondial a pour principales valeurs l'ouverture, la tolérance et le développement de l'échange entre les différents experts et leaders économiques. Il se penchera sur des initiatives à fort impact, a promis le responsable. Musa Hitam qui a occupé plusieurs responsabilités gouvernementales porte un regard sans ambiguïté sur l'aubaine qu'offre la finance islamique pour rebooster les économies nationales et mondiales. Interrogé par les Inspirations ÉCO, le responsable a souligné qu'il apprécie beaucoup le lancement au Maroc des banques participatives.
«Vous êtes les pionniers en Afrique en matière de finance participative et le retour du Maroc à l'Union africaine aidera sûrement à promouvoir ce secteur de la finance sur le continent», a-t-il ajouté. Pour lui, la capacité de ces banques à lever des fonds est phénoménale et durant les dix dernières années, plusieurs capitales de la finance l'on compris comme Hong Kong, Singapour, Londres… La Malaisie a aussi une longue histoire en matière de finance islamique. Il y a vingt ans en Malaisie au début du lancement de la finance participative, il était difficile de vendre l'idée des banques islamiques, mais aujourd'hui les choses ont changé et même les pays non musulmans veulent avoir des banques islamiques. Le potentiel est grand, mais selon Musa Hitam, le problème est comment changer les mentalités.
Le scandale bancaire dans les pays de l'ouest a poussé les gens à chercher ailleurs. Tout pays, notamment en Afrique, qui continuera à avoir peur de la finance islamique, sera relégué à l'arrière du peloton, explique le responsable. Conscient de son importance, chaque année, le WIEF organise une session sur la finance participative et permet ainsi de mettre en réseau les investisseurs des pays participants au forum. Le WIEF accorde également un intérêt particulier à la microfinance qui dans plusieurs régions du monde a prouvé sa capacité à changer le quotidien des familles pauvres grâce aux activités génératrices de revenus. Il y a quelques jours, le WIEF a tenu un meeting sur la question au Cambodge et ne rate pas une occasion pour promouvoir cette autre aile de l'économie participative.
L'importance du WIEF
Connu mondialement comme un meeting annuel des leaders et hauts responsables d'entreprises, le forum économique islamique mondial est aussi reconnu comme une plateforme pour les petites et moyennes entreprises. Le WIEF continue de se frayer un chemin à travers le monde en faisant toute la lumière sur les nouvelles opportunités d'investissement jusqu'ici inexploitées dans le monde musulman. Au vu de l'importance qu'il prend d'année en année, son impact sur l'économie mondiale est aujourd'hui avérée. À plus forte raison parce qu'il traite les questions les plus pressantes sans parti pris ni compromission. Son unique souci est de jeter les ponts entre les nations et les communautés sur une base purement économique.