Un rapport publié par le réseau social souligne le rôle de « faux amplificateurs » dans la diffusion de contenus faux, sensationnalistes ou propagandistes.
Un exemple parmi d’autres : revenant sur la diffusion d’informations trompeuses sur Facebook pendant la campagne électorale américaine, le texte évoque « des acteurs malveillants ayant utilisé des médias classiques et des réseaux sociaux pour diffuser des informations volées, comme le contenu de boîtes e-mail, dans le but de causer du tort à des cibles politiques ». Une longue circonlocution qui fait référence, sans jamais les nommer, à WikiLeaks et à la publication de courriels de John Podesta, le directeur de campagne de Hillary Clinton.
De même, le rapport n’évoque jamais directement le rôle de la Russie, accusée d’avoir tenté d’influer sur la campagne américaine. Le rapport note toutefois, dans une formulation là encore alambiquée, que si « Facebook n’est pas en position d’attribuer de manière définitive l’origine de ces activités », « nos données ne contredisent pas l’attribution donnée par le directeur des services de renseignement des Etats-Unis dans son rapport du 6 janvier 2017 » – rapport qui accusait nommément la Russie.
« Faux amplificateurs »
Au-delà des allusions voilées, le document détaille plusieurs mécanismes utilisés selon Facebook par plusieurs groupes d’intérêts, un peu partout dans le monde, pour tenter d’influer sur des processus électoraux ou plus simplement pour faire avancer leurs idées. S’il évoque la publication de fausses informations, il se concentre surtout sur ce que Facebook nomme les « faux amplificateurs », ces comptes créés avec un faux profil et dévolus au partage de liens ou d’informations sensationnalistes, erronés, ou propagandistes. D’après les données de Facebook, ces comptes sont rarement automatisés, et sont le plus souvent animés par des militants « à la main ».
Dans cette catégorie, le réseau social range à la fois les comptes qui multiplient les publications pour tenter de diffuser au maximum un message, les commentaires copiés-collés d’une page à l’autre, les personnes se coordonnant pour « liker » un message et le rendre plus visible, les groupes spécialisés dans la diffusion d’informations sensationnalistes, mais aussi les comptes qui créent des mèmes provocateurs ou racistes – une méthode prisée de l’Alt-right américaine et des militants en ligne du Front national en France.
Plus généralement, Facebook note que les faux amplificateurs – qui visent aussi à obtenir des partages et des likes d’utilisateurs « normaux » – se concentrent en général sur le dénigrement d’une personne ou d’une cause, ou sur les informations qui alimentent le mécontentement envers les institutions ou génèrent de la confusion, approche qui figure historiquement parmi les plus utilisées par la Russie.
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Malgré tout, Facebook réaffirme, comme le réseau social l’avait déjà dit après les élections américaines, que ces comportements malhonnêtes « on eu un reach [la mesure utilisée par Facebook pour savoir combien de personnes sont en contact avec un contenu] marginal par rapport au volume global de contenus à caractère politique, partagé durant les élections ». Un résultat qui ne permet toutefois pas de mesurer l’influence de ces messages, puisqu’il ne calcule pas à quel point un message a pu convaincre ou contribuer à convaincre ou non un électeur.
Facebook prévoit malgré tout de continuer à « faire le ménage » dans les comptes ayant des comportements suspects – au 13 avril, 30 000 comptes français de ce type avaient été supprimés par le réseau social, sans que l’on sache s’ils correspondaient tous à des comptes de militants, ni pour quelle cause. Et le réseau social affirme qu’il continuera à développer de nouveaux outils pour lutter contre la désinformation sur sa plate-forme.